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démo des maux
27 février 2009

les 7 visages de la peur - l'amour

nietzsche

A chaque jour son visage

« Le bas-ventre est cause que l'homme

ait quelque peine à se prendre pour un dieu ».

Nietzsche

l'amour, il faut parler, il vaudrait mieux se taire, l'amour, ce besoin d'un moment de croire en l'autre plus qu'en soi-même, mais moi, le rémora de la lamie tranquille des eaux-fortes, moi, le clou dans le bois de la croix du christ, moi, l'hommequitremble, l'hommequiapeurdejenesaisquoi, avec ma folle confiance de féticheur banni de la tribu, comment marcher sac au dos sur la grand-route des sentiments fébriles ? je sais qu'il faut le vivre, qu'il faut le revivre et qu'il faut le voir pour le croire, je sais tout cela, je suis miraculeusement ailleurs, je ne sais où ! là où l'épanchement, indispensable jamais dispensé, s'ébruite une fois l'objet ressenti, scellé à tout jamais sur le svastika de l'oubli, l'amour, devant-derrière, entre cruauté et soumission, habitude et espoir, seigneur et vassal à la fois, devant lui je tombe en syncope, allez ! je me remets, tout peut devenir commun, tout peut se désapprendre et rien ne peut être pardonné, je suis toqué des femmes, bête noire d'une femme, je ne frappe "de l'estoc et de la taille" que des courants d'air, des promesses, de fols espoirs sans chair autour, nous y voilà, au sexe ! appétit de jouissance, moyen, preuve, démonstration, idéal... qui commande à tout, tout le temps, souvent, parfois, d'aplomb, le courage et pas seulement le courage pris à deux mains, façon de parler, toc ! je confisque le sceptre monarchique, étrenne d'on ne sait trop qui, animal, dieu, diable ? et de ce dialogue sans paroles, il ressort, outre un lait crémeux à souhait, une outre pleine de lait, comme une hésitante question où je ne sais plus qui du sexe ou de l'amour était là le premier ? l'amour, à quoi sert-il, et à qui donc ? on s'en sert, on remet un mot d'excuse à l'ennui, on glisse un billet doux sous le traversin tropical, on s'en sert, victime, bourreau, on s'en sert mais nous sert-il, lui ? l'amour soûle et dessoûle, blesse et achève, questionne et répond, l'amour sans arrêt nous arrête dans notre course, l'amour qui ne meurt, l'amour qui est plusieurs, l'amour qu'on donne, sans le donner vraiment à quelqu'un qui nous attire, l'amour qu'on refuse à quelqu'un qui est attiré par nous, l'amour qu'on oublie de donner à ceux qu'on aime, l'amour qu'on donne sans retour, l'amour qu'on croit donner et qu'on se laisse prendre, l'amour qu'on prend ou qu'on vole, l'amour qu'on aimerait donner une fois dans sa vie... l'amour interdit l'accès aux révélations, quand on le consomme, il est déjà trop tard pour faire autrement, le jour arrive, habillé de lumière, étincelant tel un glaive ennemi, le jour qui est une nuit pas lavée écorne ses cernes, d'une humeur pour le moins bizarre, il raconte tout un tas d’histoires, en mal d'éternité, dresse le portrait haut en couleurs d'un tropisme aussi vieux que l'humanité, l'amour palindrome déroule le parchemin sacré de la Terre à la Lune, de la Lune à Vénus et de Vénus jusqu'au Soleil, et dans l'espace impitoyable, on entend rire les anges, rire les étoiles, on entend Dieu ne rien entendre du tout, l'amour, pour qui, pour quoi ? pour une âme de l'espèce, une nature qui va disparaître après ou avant ma mort, comme toute nature née sous le soleil, une simple nature humaine travaillée par nos foutues monotonies, l'amour, une farce amoureuse ? l'amour danse pendant notre sommeil, exécute ses cabrioles sans qu'on y prenne garde, l'amour vit dans nos rêves... l'amour pour l'autre ? l'amour sans l'autre ? l'homme n'est pas fait pour vivre seul, il y a dans ce monde des évidences qu'il est toujours bon de rappeler, mais l'homme n'est pas fait pour vivre avec quelqu'un, alors, la vie à deux, la vie tout seul... l'amour, idéal rêvé s'essouffle, parfum éphémère dans l'éther, l'amour vécu décomposé en trois instants distincts, avant, pendant, après, l'amour avant, caresses, montée du désir, besoin imminent de l'autre, besoin ou simple envie d'une chair vivante à nos côtés, l'acte d'amour qui se prépare ressemble à une poésie qui s'écrit, libre, plus belle que tout ce qui va suivre, est-ce une femme dont il a besoin, ou d'un corps plaqué contre son corps trop froid, dans un lit trop grand pour lui tout seul ? l'amour qui se fait, l'amour que fait l'homme, l'amour que ressent la femme, l'amour d'un homme pour une femme, l'amour qu'une femme est en droit d'attendre d'un homme, l'amour se partage parfois, là est la seule différence entre le sexe et le sentiment, l'amour est difficile, il demande beaucoup, beaucoup trop ! l'amour après, chaque homme racontera ce qu'il a vécu, un silence détestable, un vide incroyable, un besoin plus féroce encore de recommencer, une caresse en réponse, un baiser, une récompense... ce qui se passe pendant l'amour est trop grave pour que j'en parle maintenant, peut-être suis-je en droit de parler de ce qui prolonge l'amour, terriblement bas parfois, terre-à-terre, humain seulement, on apprend vite, en tout cas, la déception, et le besoin de tenter une nouvelle expérience, on est même prêt à un nouvel échec, car l'amour doit nous aider à vivre mieux, « et si à deux ils semblent heureux, c'est qu'ils cachent bien leur jeu » me murmure la gueule d'ombre, l'amour est souffrance car nous souffrons à travers lui de ne pas être aimé véritablement, et trop aimer, c'est ne plus pouvoir aimer du tout, mais aimer comment ? à sa façon, pour n'avoir pas à dire je vous aime à une femme, pour n'avoir rien d'autre à faire que ce que l'on nous fait faire, ne pas avoir à décider, car on est sûr de rien, il y a des heures dans la vie d'un homme où il a besoin d'être seul avec lui-même, enfin pas vraiment seul, et pas trop longtemps, mais cela excuse tant de choses, tant de paroles imprononçables, tant de regards dans les yeux.

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