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démo des maux
1 mars 2009

Les 7 visages de la peur - solitude

hope_hodgson

A chaque jour son visage

« Et le silence venait à nouveau,

suivi de la faible vibration de l’éther ;

mais cette voix lointaine ne parlait plus à mon âme »

William Hope Hodgson in « Le pays de la nuit »

solitude, je n'ai besoin de personne, mon génie tutélaire me murmure à l'oreille des promesses d'évasion, la terre tourne d'une façon, mais moi d'une autre, j'ai trop regardé l'homme en face, toujours dans les yeux, et j'ai vu son âme tant de fois, ce qu'il lui restait d'une âme, fichez-moi la paix, il y a trop à dire contre vous, les mots dépassent ma pensée, j'ai besoin de m'isoler avec moi-même, c'est bien assez ! je suis serpent, j'ai déroulé tous mes anneaux, à quoi bon ramper encore et encore ? la nuit est enceinte de moi, elle accouchera à l'aube et mes rejetons ne seront qu'à moitié humains, jusqu'où faut-il aller pour aller contre l'homme ? à tous je crie : mangez vos dents, tout seul je suis encore de trop, Protée-Suicide cligne de l’œil, votre dégoût est mon assiette, mon plat favori, je me nourris de vos restes, je ne mens plus depuis qu'elle a fait irruption dans ma vie, la solitude au sexe humide, vos machines me font peur, vos idées me font peur, vous me faites peur, ce siècle est cassé en deux, bon à rien je suis encore trop bon pour vous, il faut aller vite, le feu s'est déclaré un peu partout, il se propage comme la peste, je vous parle de la solitude et de la colère qui rend les humains dingues, il faut saborder le navire, mais je m'égare car je ne suis attendu nulle part, je ne veux rien faire, je n'ai plus rien à faire, ce n'est pas le papillon que j'envie mais la chrysalide, sa vie fut brève mais fulgurante, que sera la mienne, je m'en fous ! achetez-moi plutôt des chrysanthèmes que je les mette à ma boutonnière, mon visage est une insulte, le noir ma couleur, je vois tout en gris, l'homme est-il né pour être plusieurs, l'homme est-il légion ? vivre avec les autres, c'est vivre contre soi, c'est ne pas vivre, je n'ai pas de souvenir du passé, je n'en veux pas, et le présent dès que nous nous rencontrons me fait un bras d'honneur, je me réveille toujours comme au sortir d'un cauchemar quand mes rêves se projettent dans l'avenir, et à mon réveil je m'aperçois que je ne dormais pas, la vie est bien mal faite, allez savoir pourquoi je suis le seul à le savoir ? si le monde est comme un requin, il y a un poisson que j'abhorre, le rémora, car il vit dans l'ombre du requin, il me ressemble trop, il fait sa vie tout seul et pourtant, et pourtant il ne peut vivre sans l'autre, son maître, son mentor, je vois le monde de moins en mois mais le monde ne se gêne pas pour observer mes moindres faits et gestes, je suis espionné, mes allées et venues intriguent l'esprit, est-ce une marque d'affection ou la haine qui vous pousse à faire ce que vous faites ? la psychologie est vaine à expliquer mon comportement, l'intelligence lui crache à la gueule sa bave de pestiféré, mais quand cela a-t-il donc commencé ? n'allons pas plus vite que la balle qui cherche son ennemi, ne plus entendre les bruits, coucher avec le silence, regarder en face ses pensées, la solitude c’est aussi cela, les heures passent si vite, trop vite, pourquoi les perdre à plusieurs ? je ne verrais le bout du tunnel que si le cadavre accroché à mon bras est emporté par un bolide qui viendrait d'en face, seulement, il y a qu'on s'habitue à rechercher la compagnie des autres, la solitude comme une vérité qui mange la parole toute crue, comme un besoin de faire tout un tas de choses en conscience, mais seul, car à deux, à plusieurs, elles n'ont plus aucun effet, l'homme-caméléon a trop fait parlé de lui, on le croise partout, on ne peut plus faire un pas sans trébucher sur son ombre gigantesque, il y a des vies qui n'en ont que l'apparence, et l'homme n’est-il pas tout simplement un cadavre en sursis ? je ne veux rien avoir à faire avec vous qui n'êtes pas de mon monde, laissez-moi mener mes affaires tout seul, toute notre vie nous nous cherchons des excuses, toute notre vie nous masturbons le phallus du mensonge et quand il parle enfin, nous avons les mains sales, il faut savoir que le nombre est une injure à l'unité, et l'unité une insulte au nombre, dieu s'ennuyait tellement qu'il a inventé l'homme, puis la femme, puis... le temps, Lucifer, je ne sais qui ni quoi, quelqu'un, quelque chose l'a arrêté dans sa course folle contre la vie, celui-ci nous a sauvé des horreurs de celui-là, et pour le ridiculiser un peu plus, l'a crucifié sur un bout de bois, histoire de faire rire les enfants et pleurer les grands, je n'ai aucune confiance dans la race humaine, je n'aime pas les espèces volages qui vivent uniquement par peur de la mort, la vie est trop sacrée pour qu'on la dilapide sans raisons, oui ! cette race dont nous nous réclamons, elle est venue, elle a déjà disparu, elle est revenue, elle disparaîtra encore, ainsi en ont décidé les maîtres de toutes choses, les gouvernants invisibles qui détiennent la clef de la vie, le besoin de compagnie vécu comme l'attaque sournoise d'une strigile, comme l'apparition soudaine d'un yéti, sur les ongles d'une de mes mains, les lunes sont claires et apparentes, sur l’autre, on les cherche toujours, cette main est la main de la société, la main qui serre les mains des autres, et j’ai trop serré de mains, ils m’ont tout volé, c’est un procès qu’il faudrait intenter, et instaurer de nouvelles peines, qu’est-ce qu’il y a d’autre à faire de nos jours ? notre époque suppure des vices comme un abcès du pus, et notre médecine est incapable de l’opérer, quand la plaie est purulente, il faut amputer la partie gangrenée, jeter aux chiens errants afin qu’ils se gavent le membre malade, je divague car j’ai l’occasion de le faire, personne ne peux m’empêcher de perdre mon temps comme je le veux, le quoi et le quand et le comment enfin réunis en une seule et même personne, je suis la vie à moi tout seul, la trinité incarnée, qui a prétendu que la vie ne se fichait pas de nous ? et à dire vrai, la vie m’emmerde, je n’ai rien dit contre moi, ni sur moi, c’est aussi cela la solitude, s’oublier, se laisser aller, se laisser porter par les événements, je suis loin de vous et pourtant, si vous jetez un regard de côté, je vous fais signe discrètement, mais pourquoi m’embarrasser de l’homme...

ADIEU, il vaut toujours mieux confier ses nuits agitées au vieux-qui-sait.

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