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démo des maux
17 mars 2008

De Flint à Wolfe

Depuis le 24 janvier, après avoir quitté les suédois de la SAPO, j'ai zigzagué entre road-movie, schizophrénie et uchronie anarchisante.

james_flintTout d'abord en compagnie de James Flint, auteur du cultissime Habitus dont je reparlerais un jour, qui livre avec Electrons libres, un drôle de roman qui suit les tribulations d'un jeune informaticien - bossant dans un complexe militaire anglais - qui reçoit les cendres de son père (un sculpteur beatnik qui a abandonné sa famille quand le héros était adolescent) et cherche à savoir qui les lui a envoyées. Il parcoure ainsi les états désunis d'amère hic. Un peu déçu par ce récit - ou plutôt, et uniquement, par son style. Le reste, les personnages, l'intrigue, les décors sont bien menés et donnent envie de lire la suite mais ignifugé intellectuellement par Habitus, j'attendais mieux, ou du moins autre chose.

Bad_Monkeys

"Pas facile d’être psychiatre face à une patiente du calibre de Jane Charlotte. Condamnée pour meurtre et envoyée à l’asile en raison de ses délires mythomanes, celle-ci se révèle pourtant crédible lorsqu’elle évoque son adolescence agitée, ses combats de boxe avec sa mère, son goût pour les drogues douces et ses tentatives infructueuses pour en faire pousser. La suite, elle, est nettement plus surprenante. A l’en croire, Jane Charlotte appartiendrait aux « Bad Monkeys », une organisation qui se charge d’éliminer, à coup de revolver à infarctus, les malfaisants dont la police ignore encore l’existence : assassins d’enfant, expéditeurs de colis piégés... Etrangement, certains détails de l’histoire policière récente semblent recouper le récit incroyable de Charlotte – quand d’autres en divergent totalement ! Si bien que plutôt que de chercher à déterminer si cette Charlottte est une folle irrécupérable ou la détentrice d’un authentique secret, mieux vaut, à l’instar de son psychiatre, se laisser porter par son récit échevelé, ses personnages allumés, ses armes à mort naturelle, son organisation, structurée comme le KGB en multiple départements aux noms ésotériques (« coûts-bénéfices », « les murs ont des yeux»…), ses instructeurs camouflés en clochardes... Le diagnostic final sur la santé mentale de Jane Charlotte viendra dans les dernières pages, au terme d’une série de rebondissements propre à laisser le lecteur sur les genoux". Gros buzz autour de ce roman et de son auteur (adoubé par Thomas Pynchon). J'aurais aimé davantage. On cite Philip.K.Dick mais l'auteur en est encore loin. Ca fourmille de bonnes idées, de whodunit à la Hitchcock mais il manque un je ne sais quoi de puissant.

LimboMot de l'éditeur sur "Limbo" de Bernard Wolfe

"Attention au rouleau compresseur ! La société, la machine, la guerre... Soyez des pacifistes intégraux ! Faites-vous couper les membres ! Publié aux Etats-Unis en 1952, cet unique roman de son auteur, Bernard Wolfe, est l'une des plus puissantes fictions prophétiques du XXème siècle, à ranger à côté du Meilleur des mondes d'Aldous Huxley et de 1984 de George Orwell. C'est aussi un roman d'humour. Très noir. Un classique".

Rien à rajouter. Je l'avais lu en novembre 2002 et l'envie m'est revenue. Voilà ce que j'en écrivais, il y a 6 ans. "Le livre a été publié il y a 50 ans (quelques années après 1984 et Le meilleur des mondes auquel on le compare fréquemment… j’avoue que je n’en avais jamais entendu parler ; combien de livres-fleuves traînent encore au fond des océans, attendant qu’on les sorte du limon ?) mais reste d’une actualité brûlante. Et dans 20 ans, quand ma petite Malo le lira, dans 50 ans, quand sa fille le découvrira à son tour, elles se poseront encore les mêmes questions. Nul n’est prophète en son pays, dit-on ? C’est sûrement vrai mais alors il y a des exceptions. C’est le seul bouquin de l’auteur et je ne saurais jamais combien de temps il a mis à l’écrire – mais un seul ouvrage de cette trempe vous garantit une gloire immortelle. De quoi est-ce que ça parle au juste ? La préface de Gérard Klein est suffisamment explicite : de prognose et de paix à tout prix. La paix ! la grande affaire qui nous concerne tous. Celle de Wolfe, on s’en passera bien volontiers car cette dictature pacifique est ce qu’elle est : une prison née de l’appétit de puissance d’un homme violent et timide, qui a interprété les écrits lunatiques d’un médecin insomniaque pour en tirer une nouvelle religion où l’amputation volontaire est le signe certain d’une appartenance à cette école de la non-vie, Immob. La troisième guerre mondiale de 1972 (j’avais trois ans à l’époque et je n’ai pas été averti, c’est vraiment trop injuste) a détruit l’équilibre planétaire et les USA et la Russie se partagent le nouveau monde. Petit à petit, on apprend ce qui s’est effectivement passé et on reste ébahi, époustouflé de la virtuosité de l’auteur qui balade son lecteur où il veut (plusieurs pages sur la situation sociale des noirs, l’émancipation sexuelle des femmes… ) et le ramène toujours au coeur du maelstrom d’Immob. C’est jouissif à souhait, d’une invention, d’une drôlerie et d’une richesse stylistique qui feraient pisser de jalousie des types aussi sérieux que Huxley ou Joyce. C’est exactement le livre qui devrait être obligatoire à l’école, quand on a 18 ans, des idées plein la tête pour refaire la société (plus juste, plus pacifique, égalitaire…). La paix est une affaire sérieuse à ne pas mettre entre toutes les mains".

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