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démo des maux
23 février 2009

Les 7 visages de la peur - L'angoisse

artaudChaque jour, un visage différent

« Elle est une congélation de la moelle,

une absence de feu mental,

un manque de circulation de la vie »

Antonin Artaud

l’angoisse, refoulement de la vie dans ces régions infertiles de la pensée humaine, champ de mines par toutes ses dimensions (largeur, longueur, hauteur... et les autres qui échappent à notre œil nu) elle seule connaît la disposition des pièces, elle seule fait crier le silence, on fait du rentre-dedans, à l’aveuglette loin des passions clairvoyantes, l’angoisse, amante entre toutes capable du pire et d’en rire, elle est l’excédante éternelle du nerf, la cuisante, la fourmi travailleuse de notre intimité, aveuglantes ténèbres excitatrices qui évident ce corps taillé dans le basalte de l’envie et de la peur, la maraude prêche la souffrance intense, est-elle femme ? vampire de l’âme ligotée à son ennui, saignant en d’innombrables larmes, est-elle sœur ? incréée et infidèle, inceste intolérable, les chairs mêlées, les sexes entremêlés, entrelacs grotesque d’extase mortifère et satanique, articulation déchaînée du corps critique, Celle par qui l’avanie mentale répand le fiel qui fend l’esprit en deux, en quatre, en huit... en millions de crêtes dressées soudainement les unes sur les autres, et qui s’avachiraient, s’écrouleraient en un fracas inaudible amplifié par l’écho maladif de sa propre voix hurlante aux cieux, est-elle mère ? charnière huilée du gond de notre désespoir étique... elle est la peur vraie, concrétisation d’une folie imperceptible qui s’insinue, lente, sournoise sadique dans ces replis torturés de l’âme humaine, pathétique aiguille qui recoud l’esprit à vif, la mangeuse acide, la camisole de réalité insoupçonnable, l’angoisse hérissée rampe en ces artères incendiées, consumées, l’angoisse ou la poésie de l’inimitié d’avec son propre être, élastique tendu et tendu brutalement, sans avertir les sens, relâché, qui fouette, flagelle du fouet trempé dans le foyer ardent, la soupe de poix, les pensées rendues muettes à apporter le secours, on ne pense plus, on a plus de mots que de pensées correspondantes, tout se dérobe à notre perception et à notre interprétation, et c’est le corps qui souffre, le corps et l’esprit, devenu extralucide l’espace d’une crise, l’angoisse vieillit les fronts avant l’âge, creuse les tempes, écarteur à la mécanique emballée sortirait des bébés cyanosés que personne ne réclamerait, baiser venimeux, consomption du cratère psychique en gros bouillons allume le feu Saint-Elme dans ces entrailles démâtées, glaciation insondable en même temps des banquises mentales, sabordées qui dérivent sur les océans houleux de la conscience irritée, suintante, trempée jusqu’aux os, masque trouble qui précède l’anonymat, il recouvre le squelette crânien, découvre un rictus qui effraie même les monstres, l’angoisse n’est pas une maladie, l’angoisse considérée comme une santé altérée, parfaite dans l’imperfection de celui qui en dispose, c’est l’accès à l’expérience tant redoutée du corps aux prises avec lui-même, crainte dégoûtante, hurlement cacochyme, effroi impensable qui pend la crémaillère dans le jardin fangeux de la raison crucifiée, clouée sur le poteau des épouvantements de toute nature, l’angoisse parle un langage distinct, notre langage, par ces nuits sans lune du serpent du rêve lové en notre cœur, l’angoisse est une plaie abouchée à la réalité, le triomphe de la conscience objective à laquelle l’homme n’est pas encore préparé, une plaie qui suinte et qu’on ne peut cautériser, l’angoisse qui échappe à tout, elle est trop perdue en nous même, trop profondément installée, spectre des jours et des nuits qui hante tous les corridors à la fois, le château en ruines abrite un démon, incube des sommeils hallucinés de l’homme, réveils en sursauts, que croire ? de la nuit qui se termine ou du jour qui commence, tout est pareil au même pour celui qui perd son souffle, astre qui gravite autour de son soleil et lui pompe sa substance vitale, l’angoisse est le corps astral réchappé de l’éther, qui s’est levé, plus haut que jamais, erratique homogénéité en branle-bas de combat, la lutte est ouverte, il y a gros à parier que le vainqueur ne sera pas celui qu’on croit, l’angoisse fait que tout devient clair, l’angoisse n’attaque pas : elle use les forces, elle nous rend possédés.

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