Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
démo des maux
27 avril 2008

Un Cadavre

Dieu

Le titre de cet ouvrage (que je ne connaissais pas) est symptomatique de ma pensée nocturne : je ne pense pas à dieu mais je crois qu'il pense à moi (et n'est pas content de me (sa)voir toujours debout à 2 heures du matin) : alors, ce que je vais lui offrir ne va certainement pas lui faire plaisir. Il va même être très emmerdé. Il va penser que je me moque de lui et que je ne suis pas sérieux. La vie est juste un court moment entre la naissance et la mort, entre le premier rot et le dernier pet.

Merde aux autres qui bloquent le chemin.

Il s'agit d'un poème que j'ai écrit quand j'avais quoi : 20,21 ans (donc on arrête de rigoler... surtout toi, ricanant au fond avec le pull vert, genre le cancre du lycée près du radiateur, avec le dernier Iphone).

Mais pourquoi un pull vert ! Le premier qui trouve la réponse recevra un kilo de mini-carambars.

Un cadavre

D I E U

en quatre foutues lettres

sonne le glas de l’homme, son joug éternel

et sortant de l’ombre qui l’étiole,

une nuit sans étoiles,

le voilà, l’homme ! qui crève cette gangue,

toute âme dehors

et qui déjà tend sa joue,

s’agenouille, ricane et pleure...

et d’humanité en humanités,

sous l’arche du ciel où nous nous tenons tous debout,

du sud au nord et d’est en ouest,

nous autres, les poux, les larves grouillantes

en appelons à ta miséricorde.

Dieu,

c’est à toi que je m’adresse, directement,

à toi et à celui qui se cache derrière ce nom,

ce seul nom qui me prouve que tu es en vie, bien vivant,

bougrement vivant, non de nom !

Dieu,

Toi ou celui qui se fait passer pour toi,

ton frère jumeau, ton double éthérique, ton je-ne-sais-quoi,

tu n’es rien d’autre que

ma cible parfaite, mon pigeon d’argile qui vole, vole, vole...

Ton silence, Dieu,

a fait de moi celui qui parle trop,

celui qui toujours en vie se coule dans ton absence d’être,

celui qui se love contre ton ombre ventrue...

Au moment où le sommeil, où le silence,

où le silence du sommeil, Dieu,

se jette en un déchirant adieu

à mon cou,

je pleure comme je ris,

mais mes rires sonnent creux...

Le voile de la nature n’est toujours pas tombé,

là est ton fichu secret

que tu gardes bien au fond de toi.

Mais je saurais te percer à jour,

ton mystère est ta raison d’être :

le divulguer, ma raison de vivre.

Dieu,

au fond tu as besoin de moi !

tu as sacrement besoin de ma foi en toi :

tu es moins fort que tu ne veux nous le faire croire,

et si jamais, laisse-nous rêver !

une âme, une seule âme, libérée de ses chaînes

venait à déchiqueter

ce trop tenté tissu de cellules,

aveugles à toute réalisation divine,

qu’arriverait-il ?

Je te le demande.

Dieu, le feu en moi est païen,

la lumière qui m’habille, opaque et sans chaleur,

et rauque le souffle qui m’anime.

Cette croix que tu brandis, ce cadavre

à l’ancien nom d'homme, ce cadavre

aux peurs, angoisses, désirs et rêves qui furent les miens,

et le sont encore, ce cadavre

mort pour que je vive, ce cadavre

qui pue comme treize jours après ma mort, ce cadavre

au flanc troué sur deux bouts de bois fiché, ce cadavre

est le mien, celui de tout homme :

mais ce cadavre est le tien surtout.

Qui de nous est le plus au monde ?

Toi, impersonnel et toujours tyrannique

ma vie se réalise en toi,

mais toi, où comptes-tu encore aller en moi ?

Dieu, ton destin veut que je vive !

Je peux me retirer de toi

aussi facilement que j’y suis entré,

- tes portes, faut-il te le rappeler, sont toujours ouvertes aux quatre vents -

et je te demande lequel de nous sera le plus à plaindre ?

Oh oui ! je peux sortir de ta vie

ne t’inquiètes pas !

je te demande seulement de me rendre la monnaie de la pièce

et alors...

et alors, ceux qui viendront après moi

jugeront, s’il est encore temps de juger.

Ce que je suis,

tu l’as voulu autant que moi

mais je suis le seul à en profiter.

Aussi, quand je m’en irais, car il faut que je m’en aille,

demain ou à la veille de te rejoindre,

tu goûteras alors au limon duquel tu m’as extrait.

Dieu,

c’est à l'homme dont tu te prétends le père que je m’adresse,

l’homme que tu as conçu,

sorti de la terre, comme j’ai cru le lire quelque part.

Et je te le dis franchement :

tu n’es qu’un rêve qui ne m’a pas réveillé.

Le jour ou la nuit où je volerais de mes propres ailes

quand l’homme se sera raclé la gorge en moi,

je te prendrais à témoin, cible exacte

mes deux yeux te cernant, te situant dans ton immanence

et le pistolet fera bang !

et tu es mort.

Ton cadavre,

je le sens parfois lové contre moi la nuit,

et je n’ose bouger,

et je dors à peine,

et je te vois toujours au-dessus :

au-dessus de quoi ? et de qui ?

Ton rêve s’arrête où mon réel commence,

attends un peu !

et tu souffriras ce que tu nous a fait souffrir,

sans même le vouloir :

et tout ce discours de bien et de mal que nous te servons

depuis que tu habites nos cœurs,

je te le ferais ravaler

jusqu’au vomissement.

Tout ce que je t’ai donné, Dieu,

je te le laisse, bien volontiers,

tu cries famine depuis si longtemps :

qui d’autre que moi pourrait te rassasier ?

Ce que tu m’as donné et ce que le vie m’a repris,

ou bien le contraire :

je m’en fous du haut de mes vingt-cinq ans.

Ta clique d’évêques, de faux-prêtres émasculés,

ta merdité de curés,

je lui laisse la vie sauve :

d’autres s’en chargeront après moi.

Je n’ai qu’une chose à te dire,

et il faut que tu le saches,

avant de mourir toi aussi :

Je t’aime à me tuer.

Publicité
Commentaires
démo des maux
Publicité
Archives
Publicité