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démo des maux
13 janvier 2008

Une aventure d'Aristide

En exclusivité pour la sphère, une aventure d'Aristide Mulet (hommage à peine déguisé au Tribulat Bonhomet de Villiers de L'isle-Adam) l'homme qui n'est pas venu, n'a rien vu et n'a vaincu personne. Imaginez le croisement génétique entre Ignatius Reilly et John Dortmunder, secouez le flacon, jetez le formol et ensuite... D'autres épitres suivront.

Une histoire d’amour sur Mars

« Si tu l’aimes, aime-le comme il est et ne fais pas d’histoires.

Après tout, tu l’aimes malgré tous tes défauts, pas les siens.

Les défauts des autres sont parfois fascinants. Les nôtres sont ennuyeux ».

Mervyn Peake in Gormenghast


Quelques jours après son vingt-sixième anniversaire, Aristide Mulet quitta la France pour la Guyane. Il ne devait rester là-bas que trois semaines mais son périple dura beaucoup plus longtemps que prévu. Mulet n’était pas alors aussi corpulent qu’il allait le devenir par la suite, si bien que lorsqu’il se présenta au centre d’essais de Kourou pour y être reçu par Bernard Coleptik, responsable des programmes aéronautiques, il pouvait presque faire illusion sous ses vêtements militaires.

Qu’est-ce qu’il put bien raconter à cet homme dans son bureau ovale au papier-peint rouge moisi et aux fauteuils en cuir de gazelle protégée d’Afrique, cet homme qui décidait qui partirait dans l’espace et qui balaierait les merdes de piaf sur les carlingues ? Ah, si seulement les cendriers pouvaient parler au lieu de rester toute la journée à glander sur un coin de bureau à compter des tas de cendre ou des rognures d’ongle ! Tout ce qui compte finalement, c’est qu’Aristide n’eut que quelques formulaires à signer avant de se voir décerner l’avis positif pour grimper dans la capsule qui se dirigeait vers Mars, la planète rouge ; il échappa même au passage rituel sur la balance et aux tests physiques ordinairement réservés aux astro, inter, cosmo, spatio et autres tosmonautes (ces derniers étant portugais).

******Interlude******

Durant ce laps de temps où la lecture n’est plus une corvée, un devoir à la fois social et culturel, vous pouvez vaquer à vos occupations quotidiennes : caresser la feuille de votre ficus pour qu’il redresse enfin la tête, repasser la montagne himalay’haine de linge chiant comme tout qui patiente tranquillement sur la planche à repasser demain ou recoudre le gentil trou du cul de votre gentil petit caniche noir (un chouette signe d’intégration dans ce monde qui n’est décidément pas fait pour vous) d’un beau fil d’une couleur pourpre aussi voyante que l’âge que vous ne faîtes plus et qui commence sérieusement à m’énerver à répandre partout ses fèces… Je sais, cet interlude arrive très tôt dans l’histoire, comme une mauvaise blague de fin de soirée mais il faut bien avouer que le suspens n’a jamais été et ne sera jamais à son comble dans les histoires de Mulet et que la vie, parfois, ne nous laisse pas continuer certaines choses que nous voulions absolument accomplir à un moment donné de notre existence et que nous avons lâchement abandonnées quand nous avons rencontré – et patati et patata - celle qui allait devenir la femme de notre vie, la mère de notre enfant qui… ron pi ron pi ron pi

« Non mais, de qui se moque-t-on ici ? Voilà un auteur - et je pèse mes mots – qui, de circonvolutions biscornues en bourbiers atrabilaires, cherche à nous faire croire à la débilité de notre ami Aristide… » (bribes du courrier d’un lecteur). « Enfin, que diable ! Un peu de nerf, secouez vos veines, bougez vos muscles et zou, en avant la vie ! Ce que nous pouvons conchier - je veux dire confier mais tout le monde aura compris qu’il est difficile, pour ne pas dire impossible de causer sereinement d’Aristide qui génère à lui seul à peu près autant de passions qu’une élection présidentielle dans un pays démocratique - se résume à presque rien. C’est juste une question toute simple : comment une telle créature adipeuse a pu, à ce point, déshonorer l’aéronautique française ? » (réponse de l’auteur).

************

La vérité – pour ceux qui s’y intéressent - c’est que Coleptik était le cousin par alliance d’Amédée et qu’il avait une dette de jeu à rembourser. Il accueillit donc ce replet personnage avec une moue de dégoût qu’il tenta vainement de camoufler derrière un bâillement tonitruant, puis songeant à sa retraite prochaine, il falsifia sa signature tout en priant le ciel que la navette s’égare quelque part dans la galaxie.

Le jour du départ, Aristide se leva d’assez bonne humeur, vida son bol de céréales au Nesquik et de son allure pachydermique - dont il faudrait un jour décrire fidèlement les mouvements du corps et des jambes, ces mollets qui se plient et tressautent à chaque foulée telles des quenelles, insufflant comme une vie aux bourrelets de graisse – gagna la salle d’embarquement. Quatre autres personnes étaient assises sur les fauteuils, ce qui permit à Mulet de comprendre qu’ils seraient cinq dans la fusée. « Cinq comme les cinq doigts de la main » songea-t-il en observant sa paluche adipeuse où tous les doigts étaient collés. Il y avait tout d’abord Karl, le géologue de l’expédition, âgé de trente et un ans, blond, originaire de Dijon et passionné de science-fiction. Le deuxième s’appelait Gérard, un Aveyronnais pur souche d’une quarantaine d’années, la tignasse noire et pilote de fusées depuis huit ans déjà. Bertrand, le plus jeune de l’équipe avait les cheveux roux, vivait dans un château et venait de Châteauroux et de fêter son vingt-troisième anniversaire ; ses parents avaient toujours su qu’il avait un don, des doigts de fée et c’est vrai qu’il chatouillait les claviers d’ordinateur comme Mozart son clavecin. Enfin, il y avait Victor, le médecin de l’équipe, un habitué des vols spatiaux qui dormait chaque nuit dans sa combinaison de vol, sa trousse à pharmacie à portée de main ; personne n’aurait pu lui donner d’âge, lui le premier dont la mémoire flanchait comme celle d’un animateur télé qui cherche à décrocher de la cocaïne. Le dernier, mais faut-il le présenter, c’était Aristide, tout en rondeur, grassouillet et beau comme une méduse échouée sur une plage de galets du côté de Calais. Ils avaient été sélectionnés parmi cinq cent autres candidats pour leurs compétences, ayant tous un travail bien précis à accomplir. Mulet était là pour établir le contact avec les habitants éventuels de Mars. Tout un programme dont l’Univers n’a pas fini d’entendre parler.

           Aristide n’aurait certainement pas du toucher à ce témoin lumineux qui clignotait tel un feu follet sur le tableau de bord. Il s’aperçut beaucoup trop tard que ce n’était ni la jauge d’essence ni le starter qui étaient en panne mais qu’il avait, bel et bien éjecté un réacteur dans l’espace. Le vaisseau commença à piquer du nez et l’air à se raréfier dans la capsule, les têtes virèrent du blanc au vert et du vert au violet. Il y eut quelques cris, plusieurs engueulades avant que la fusée ne percute la surface de Mars. Par un hasard inexplicable que je ne m’explique d’ailleurs pas (c’est vous dire l’incongruité de la chose), tout le monde pérît sauf Aristide. Une drôle de coïncidence, non ! Mulet attrapa un masque à oxygène, ouvrit la porte et s’en alla explorer les déserts de sable de Mars. Quand il s’aperçut qu’il n’avait ni pelles ni seaux pour construire une pyramide, un sphinx plus ou moins ressemblant, juste deux mains gauches, il fut un peu déçu mais n’en continua pas moins d’errer. Chaque soir, il ramenait à la navette des quantités de fossiles qu’il passait une bonne partie de la nuit à trier par taille, poids, couleur, aspect, odeur…

Le cinquième jour, il rencontra la créature en haut d’une dune. Elle était si différente de lui qu’il lui fallut beaucoup de temps pour savoir si c’était Il ou Elle. « Ca ne se fait pas de demander son sexe à une personne : il va falloir que je trouve par moi-même » rêvassa Aristide. Touty - c’est le son qui se rapprochait le plus de son babillage, une fois que les présentations furent faites - n’était pas comme une femme, ça c’est sûr, plutôt comme une girafe à taille humaine, avec un grand cou tacheté, huit jambes et bras mélangés (c’était difficile de les distinguer car ils traînaient tous sur le sol, tels des tentacules de poulpe auquel elle ressemblait un peu d’ailleurs) et de grandes dents surtout, ce qui intrigua drôlement Aristide. « Par hasard, n’auriez-vous pas des liens de gémellité avec Fernandel ? » lui demanda-t-il le plus sérieusement du monde. Après une enquête approfondie, Mulet en conclut que la créature était féminine, d’origine inconnue et espérait-il, végétarienne. Elle resta un long moment à l’observer puis s’éloigna en sautant en l’air et en secouant sa tête dans tous les sens, telle une fan de hard-rock. Les jours qui suivirent, elle revint se percher sur sa dune, suivant du regard Aristide qui récoltait ses fossiles. Il lui montra avec une certaine fierté sa collection, une trentaine de pièces composée principalement d’excréments de rats des sables, qui en séchant au soleil acquéraient des formes étranges. Elle lui indiqua plusieurs endroits qui fourmillaient de cailloux et autres babioles archéologiques. Il est assez difficile de savoir combien de temps dura cette parade nuptiale entre deux animaux aussi fantastiques que ceux-là. Trois ou quatre semaines, le temps nécessaire à Touty d’apprendre quelques rudiments de langage humain. Puis un jour, elle l’invita à visiter son village. « C’est un grand honneur pour nous Aristide » hennit-elle.

A l’instar de tous les membres de sa famille, une petite communauté d’une cinquantaine de têtes, Touty était télépathe et dans le brouillamini cafardeux du cerveau de Mulet, elle s’était rendu compte très vite que ce personnage dont elle venait de faire la connaissance était exceptionnel et monomaniaque. Peut-être était-il l’élu, celui qu’ils attendaient tous depuis des milliers d’années ? C’est en tout cas ainsi qu’elle l’avait présenté à sa famille. « Un être qui s’est risqué sur notre planète hostile et qui cultive une insolite passion pour les merdes de rats ». La famille de Touty était composé de tout un tas de girafes naines, de girafons et autres gyrophares. Ils vivaient à l’abri entre deux dunes, dans des igloos de sable, certains aussi vastes que des cathédrales terrestres. Aristide décida plus tard d’appeler leurs maisons des sabloos et le mot devint magique. Comme il ne pleuvait jamais sur Mars, ils récupéraient l’eau de leurs larmes qu’il filtraient ensuite à l’aide d’une peau de rat tannée. L’eau était un vrai problème sur Mars - même pour eux qui étaient habitués à tout - et il y avait plusieurs soirées par semaine consacrées à des lectures d’histoires sordides et tristes où ceux qui chialaient à sable fendre gagnaient la reconnaissance quasi éternelle des autres. On racontait fréquemment l’histoire d’un ancêtre de Touty qui avait un soir tellement pleuré qu’il en avait rempli une gourde à lui tout seul. Les gémissants et les simples braillards qui ne parvenaient pas à faire couler le nectar aqueux de leurs mirettes étaient relégués dans une salle adjacente à l’arène où ils avaient tout loisir d’apprendre à pleurer. Les Toutys (comme les appela par la suite Aristide, assez déçu d’apprendre que ces créatures n’avaient ni prénom ni papier d’identité qui ne les distinguât les unes des autres, rien que leur apparence, identique à ses yeux) buvaient rarement à leur soif et compensaient par un mélange de leur cru, une décoction de fleurs de cactus sauvage arrosé d’urine de rat, un truc affreux à boire qui jeta Aristide par terre dès la première gorgée.

Il existait une légende qui circulait de générations en générations de Toutys. On racontait qu’un jour, un oiseau de métal descendrait du ciel et qu’une créature malhabile et dodue en sortirait, le sauveur qui les délivrerait… d’on ne savait trop quoi ! Un soir, Aristide questionna Touty sur l’élu, lui demandant de quoi elle et son peuple voulaient être délivrés et pour toute réponse, elle secoua le cou, enroula ses jambes autour de ses bras - ou le contraire - hennit un bon coup et s’en alla. C’était le conte qu’on racontait aux enfants pour les endormir mais depuis l’arrivée de Mulet, le mythe devenait réalité et les bambins commençaient à poser des questions embarrassantes. Cinq jours après son arrivée au village, Aristide participa à une soirée de lecture. Plusieurs éminences grises du village étaient venus le trouver dans le sabloo qu’il partageait avec Touty et l’avaient tant flatté qu’il avait accepté de se donner en spectacle. De ses conversations primitives avec les créatures, il avait appris que depuis plusieurs jours déjà, tous leurs canaux lacrymaux étaient plus secs encore que des pipelines en Somalie. Il raconta plusieurs histoires, une dizaine au moins où il tenait toujours un rôle, ce qui assura d’ailleurs le succès de cette entreprise qui était normalement vouée à l’échec. Il est vrai qu’ils n’avaient jamais entendu parler de cette planète que le ventripotent appelait Terre ni de ses habitants, aussi rigolèrent-ils de bon cœur quand ils entendirent Aristide leur dire que « la vie, c’est comme le métro : il vaut mieux être dedans que sur le quai ». Ils rirent tellement qu’ils en pleurèrent de joie, à ne plus pouvoir s’arrêter de remplir des jerrycans. A dater de ce jour, symbolisé par une sculpture de merdes de rats à l’entrée du village, tel un chorten tibétain, les histoires drôles firent partie intégrante des soirées de lecture et certains se surpassèrent. La plus connue contait l’aventure d’un rat des sables qui était tombé amoureux d’un Toutys et l’avait pourchassé de ses ardeurs des mois durant.

Cette charmante histoire dura plusieurs mois, presque une année de rires, de pleurs, de dunes de sable et de merdes de rat. Mulet était adoré comme le dieu qu’il était aux yeux des girafes et chaque soir, quand le crépuscule s’abattait sur les sabloos, il serrait très fort Touty dans ses bras et lui racontait tout un tas de fadaises sentimentales qui la mettaient chaos. Mais un matin, alors qu’une tempête de sable faisait rage – car dans chaque conte, quel qu’il soit, c’est toujours à l’aube que surviennent les évènements pas marrants - une fusée apparut dans le ciel. « Touty, viens voir ce gros oiseau tout resplendissant avec ces ailes métalliques ! C’est bizarre mais on dirait qu’il fonce sur nous ». Touty avait non seulement un cerveau mais savait comment l’utiliser, aussi comprit-elle assez vite ce qui se tramait. « Aristide, ce n’est pas un oiseau de métal mais une fusée, qui vient de ta planète pour te ramener ». Depuis quelques temps, Mulet était tiraillé par plusieurs sentiments contraires et chez lui, cela prenait des proportions affolantes : il faisait un pas en avant pour deux en arrière, se dirigeait à droite tandis que ses pieds allaient à gauche (et se cassait la gueule régulièrement ) comme s’il vivait physiquement ses pensées. Il se doutait bien, dans le cloaque fangeux qui lui servait de cervelle, qu’on ne l’avait pas oublié sur Terre mais n’imaginait pas qu’on vienne le chercher aussi vite – et surtout, qu’on le retrouve si facilement dans la pagaille galactique.

Quand les soldats débarquèrent sur le sol martien, ils faillirent rebrousser chemin tant le climat était hostile. Des dunes, du sable, des rats gros comme des bras… et rien à l’horizon. Lorsqu’ils découvrirent le village et son mémorial primitif, ils armèrent leurs fusils. Aristide sortit en premier, un bras en l’air et le poing fermé tel un idiot, dodelinant de la tête, la bouche pleine de borborygmes qui se voulaient accueillants, Touty cachée derrière lui, quasiment invisible. Le militaire avait une voix douce et des yeux tout ronds cloués dans un visage relativement carré qui inspirait à peu près autant confiance qu’une verrue pulvérulente sur la joue d’un top model. « Vous devez être Aristide Mulet. Je suis le lieutenant Benjamin Tenant et nous devons partir… maintenant ». Mulet ne réagit pas plus qu’à son habitude, secoua la tête et le militaire s’avança d’un pas. « Je suis le lieutenant BenjaMIN TENANT et nous devons partir MAINTENANT. C’est drôle, non ? A voir votre auguste figure, je doute qu’il se soit passé quoi que ce soit d’intéressant entre votre cerveau et votre œil depuis un certain nombre d’années, comme si nul impact nerveux n’avait pu chatouiller vos synapses et… Bref, c’est le drame de ma vie Monsieur Mulet. Personne ne rit jamais à mes blagues ! C’est à désespérer de la race humaine. Vous savez ce que cela peut signifier chez un homme comme moi, bien portant, heureux en tout sauf en humour d’être à ce point incompris ? Vous, vous êtes un peu comme tout le monde (même si vous avez vraiment l’air assez différent de mes soldats par exemple, presque étrange même avec vos kilos en trop et votre façon bizarre de me regarder en me tournant presque le dos comme si vous cachiez quelque chose derrière vous) : il vous faut à tous de l’humour lourd, équarri, bien de chez vous, français quoi… - même si, avec votre nom, on pourrait s’amuser aussi si on voulait… Mais de quoi parlions-nous au juste ? Ah, j’y suis. Cela fait onze mois que nous n’avons plus de nouvelles de la mission et nous avons ordre de ramener les survivants sur Terre. Nous avons aperçu les restes du vaisseau, derrière ces collines et j’en ai déduit que vous étiez le seul rescapé. Veuillez nous suivre, Monsieur Mulet et ne faites pas trop d’histoire : ça n’en vaut pas la peine ».

Aristide se trouvait dans un état d’esprit très particulier, comme s’il avait fumé trois joints à la suite. Il se sentait toute chose, plus dans l’espace que dans le temps – qui filait à la fois très vite et très lentement en même temps - et encore, dans un espace bizarre occupé par des dizaines de dimensions hétéroclites. « Vous savez, couina Aristide, je ne veux pas rentrer, je me plais bien ici. On s’amuse bien avec les amis et je suis amoureux. Laissez-moi vous présenter ma femme, Touty. Elle m’a accueilli parmi les siens, elle m’a recueilli alors que j’étais tout seul et je n’imagine pas faire ma vie sans elle… ». Le lieutenant dévisagea longuement l’animal extraordinaire qui venait de poser ce qui devait être une gueule sur l’épaule du gros récalcitrant. Mars était décidément une planète très différente de la Terre où les animaux ne ressemblaient à rien de connu, comme s’ils avaient muté. Ils s’étaient vraisemblablement trop reproduits entre eux, au mépris de toute histoire génétique. Il n’y avait qu’à observer cette chose qui cherchait à sourire mais filait la trouille. Noé avait embarqué beaucoup d’animaux fantastiques dans son navire, songeait l’officier, mais rien qui ne ressemblait même de très loin à cette excroissance diabolique, tel le fruit pourri de la fornication d’une girafe avec une pieuvre. Il fallait que cet homme soit dingue pour la présenter comme son épouse. D’un simple geste de sa main, les soldats dégainèrent leurs armes et une seringue. Ils piquèrent Mulet tout d’abord puis s’engouffrèrent dans le village où ils abattirent l’une après l’autre les quarante-huit créatures.

Sept semaines plus tard, la navette atterrit non loin de Kourou. Bernard Coleptik, ayant appris ce qui venait de se passer, se rasa la moustache dans sa salle de bains du premier étage puis descendit jusqu’au menton imberbe et plus bas encore, dans la cave et juste au niveau de la carotide qu’il sectionna d’un coup sec. Le sang coula à flots mais quand les secours arrivèrent, il était trop tard depuis longtemps. Aristide se réveilla dans une chambre d’hôpital, fébrile et affamé. Il appela au secours une dizaine de fois avant que la porte de sa chambre ne s’ouvre pour laisser la place à… Myrtille Mulet qui n’était pas contente.

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